En général vos interlocuteurs, à court d’argument eux-mêmes renvoie la balle avec une question courte et simple.
Tu veux nous faire revenir au moyen âge ?
Cette question est assez déstabilisante car bien entendu vous n’avez jamais parlez du « moyen âge », elle est donc outrancière.
En générale cette phrase tue la discussion, elle est catégorique et empêche toute nuance de s’exprimer.
Peut-on envisager l’avenir uniquement sur la base d’un unique critère qui serait la « sacro-sainte CROISSANCE économique » ?
Et là il faut forcer votre interlocuteur à se positionner, le laisser parler, éventuellement lui faire préciser sa réponse :
- Depuis quand la croissance existe-t-elle ?
- Jusqu’à quand est-elle possible ?
- Est-elle universelle ?
- Est-elle un repère pour les populations des pays pauvres ?
Si votre interlocuteur convient qu’il va bien falloir trouver un autre modèle, alors vous pouvez essayer de lui vendre un modèle basé sur une forme de prospérité, ou nous ferions le tri entre ce qui nous semble important et indispensable et ce à quoi nous pourrions renoncer.
Terminé en lui disant que vous n’allez pas lui promettre d’aller sur Mars, mais pas non plus de revenir au moyen âge.
Laisser reposer le temps fera le reste.
La voiture pollue bien plus que l’avion. (bateau, camion…)
Dans un monde très connecté il y a de multiples activités qui n’existaient pas il y a 2 siècles.
La voiture, les bateaux à moteurs, l’aviation, le chauffage, l’industrie, l’information … en sont des exemples.
Relativiser n’empêchera pas la pollution :
Certaines activités mineures en phases de démarrage peuvent devenir très délétères 20 ans plus tard.
D’autres très intenses dans une région du monde, et peu dans d’autres pourraient également devenir massives si la mondialisation devait s’étendre.
De la même façon que les petits ruisseaux font les grandes rivières, il n’y a pas de petits gains.
L’urgence climatique n’est pas un vain mot, elle nous oblige à être efficace et agir vite.
Ou bien ce serait nié un fait scientifique avéré en 2020 à plus de 99.5% par la communauté.
Le climat n’attend pas, il ne nous attend pas, nous devons agir sur tous les secteurs en même temps car dans un monde interdépendant toutes les activités le sont également, mettre des priorités n’a aucun sens. Et ferait perdre du temps pour rien.
Pris séparément à un moment donné, il est possible de faire une photo.
Toutes ces activités sont émettrices de CO2 et autres GES.
Elles sont le reflet de notre activité, ce sont des « déchets » inhérents.
Par réflexe on évite d’en parler, et comme ces gaz sont invisibles et imperceptibles il est facile de convaincre notre cerveau qu’ils n’existent pas.
Pour être complet sur les activités, on peut aussi se faire une idée sur les évolutions de certaines d’entre elles pour les 50 ans qui viennent :
Certaines vont disparaitre, d’autres rester stable et d’autres devraient se développer.
Autre approche à considérer :
Ces activités sont-elles favorables ou nuisibles à notre environnement ?
Au niveau mondial le transport aérien n’est pas responsable de 2% (CO2 seul) comme le prétendent certains acteurs, mais de plus de 5% à 6% (CO2+GES en haute altitude) et ceci avec seulement à peine plus de 10% de la population mondiale qui a pris l’avion au moins une fois.
Avant le COVID19 le TA n’avait qu’un seul scénario : un trafic x 2 tous les 10 à 15 ans.
Une croissance continue pour les 50 ans à venir. Cad x 8 du trafic aérien.
Voilà donc un secteur qui depuis 1945 s’est exclus de toutes les instances internationales pour ne pas rendre de compte et qui vient tendre la main au bout de 2 mois à cause d’un virus qu’il a lui-même contribué à transporter.
Ce secteur ne fera rien de lui-même, sauf des promesses qu’il ne tiendra pas.
Les Chinois produisent pour le monde entier.
En fait à nos émissions 2018 sont de plusieurs ordres :
- Territoriales et importées
- CO2(70%) et GES (30%)
- Sur le Graphique 1 le budget est pour l’année 2050.
Les émissions territoriales 4.8 ton / personne produites en France nous devons y ajouter celles de nos délocalisations 6.4 ton, qui sont devenues en 30 ans supérieures aux premières.
Dans le même temps les Chinois doivent faire l’inverse pour calculer leur empreinte individuelle.
Le résultat est que nous polluons bien plus individuellement que les Chinois.




Les usines produisent beaucoup de GES.
Les usines produisent ce que demande le marché
Elles répondent aux demandes des consommateurs.
Ensuite la bonne question est de se demander si toutes nos demandes sont utiles ou bien futiles ?
La technologie va nous sauver.
Pour faire simple, il suffirait de dire que depuis 150 ans, la recherche, les nouvelles technologies, les applications des découvertes fondamentales dont la plus grande partie ont été faites au tournant du siècle dernier dans les années 1900, n’ont jamais été aussi nombreuses.
Elles ont souvent été le fruit d’un hasard provoqué.
Donc il est possible de dire que les technologies n’ont pas empêché le réchauffement climatique, ni l’épuisement des ressources, ni la perte de bio-diversité….etc
Ce n’était pas leur objet d’ailleurs.
Si c’était le cas, ce serait alors un extraordinaire échec des technologies.
En appeler aux technologies pour résoudre un problème que nous avons laissé filer depuis maintenant plus de 60 années après les premières alertes de scientifiques peut laisser perplexe.
Ceci d’autant plus, que nous entrons dans un monde qui précisément va être de plus en plus contraint par le manque de disponibilité des ressources.
L’autre aspect important est celui des « effets rebonds » de plus en plus connus et documentés.
Un effet rebond est un effet non pris en compte initialement, il se manifeste souvent progressivement et ne soulève pas d’alerte à priori.
C’est quand il commence à devenir très visible ou avec des conséquences qu’on ne sait plus maitriser que l’on réagit, souvent trop tard.
L’exemple de l’avion est très fort => voir schéma ci-dessous :
Entre 1960 et 2015
Courbe en pointillés => évolution technologique => x 0.35
Courbe traits pleins => Nbre passager x km = Pax => x 20
Total 1960 : 1 x 1 = 1
Total 2015 : 0.35 x 20 = 7
Malgré les améliorations de la consommation unitaire divisée par 3, la croissance du trafic 20 fois plus forte génère une pollution incompatible avec une bonne maitrise de nos émissions d’un facteur : 7 sur la période de 55 ans (2015)
8 sur la période de 60 ans (2020)
24 sur la période de 90 ans (2050)
34 sur la période de 100 ans (2060)
140 sur la période de 140 ans (2100)
Autre enseignement important :
Plus une technologie est mature plus les améliorations en termes d’efficacité sont faibles.
Faire voler des personnes à 11000 mètres, par -50°C, à 900 km / h est déjà une performance technologique.
Elle nécessite beaucoup d’énergie, des matériaux de haute qualité, la contrepartie est une pollution à la hauteur des moyens gigantesques mis en œuvre.

Le « biokérozène » est une option insoutenable, car sa production détruirait des millions d’hectares de nature et menacerait la production alimentaire.
Sans restriction des vols, le climat sera complètement détruit avant qu’émerge une hypothétique et lointaine technologie « propre » de transport aérien de masse, si elle existe.
Je compense mes voyages.
Voici un article qui résume assez bien la situation :
Ne perdons pas notre temps avec le « mirage » de la compensation Carbone.
https://www.vice.com/en_uk/article/g5xamj/why-going-carbon-neutral-doesnt-let-airlines-off-the-hook
Même si cela fonctionne parfaitement sur le papier, cependant, vous continuez à rejeter des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Et en réalité, la compensation carbone fonctionne rarement parfaitement. Une étude largement publiée par la Commission européenne suggère que jusqu’à 85% des projets de compensation carbone n’ont pas atteint les réductions promises .
Toutefois, ces projets de compensation pour être efficaces doivent répondre à des critères stricts très rarement remplit :
- être additionnel (c’est à dire que les projets n’auraient pas vu le jour sans ces financements)
- s’assurer que la quantité de CO2 compensée est mesurable
- avoir un processus de vérification de ces émissions compensées
- garantir que les crédits carbones ne soient pas vendus plusieurs fois
La compensation carbone a surtout des « effets d’incitation pervers ». En effet, l’engagement du citoyen est moindre puisque peu importe ses actions, il se donne « bonne conscience » en déchargeant sa responsabilité sur d’autres acteurs via l’achat de crédits carbones.
J’adore découvrir le monde
Argument imparable, moi aussi.
Le plus facile est de répondre « moi aussi, et je pense que 100% des êtres humains aimeraient découvrir cet ailleurs qui intrigue tant »
On peut essayer de faire diversion en demandant à son interlocuteur s’il connait « St Germain de Calberte » ?
Là, il/elle ouvre de grands yeux, mais comprends vite la manœuvre et vous sentez que les paumés de St Germain de Calberte ne sont pas aussi intéressants que les pauvres du Pérou, et même le nom n’est pas assez exotique.
Il sera difficile de convaincre, finalement la seule carte que vous pouvez jouer, c’est de parler de vous, expliquer votre expérience, tout en prenant soin de dire que c’est à chacun de juger.
Vous avez de votre côté pris conscience que si le monde entier allait chaque année à l’autre bout de la planète, ce ne serait plus tenable, que déjà avec seulement 10% des gens qui voyagent, on est en train de dépasser les bornes, et que vous faite votre part.
Vous pouvez demander à votre interlocuteur si avant son prochain voyage il a pris soin de demander le bilan carbone, mais n’aller pas au-delà.
Nous en arrivons à l’illusion la plus difficile à dissiper :
Notre croyance, savamment entretenue par la publicité, le cinéma et les réseaux sociaux, que la multiplication des vols aériens augmente notre bonheur, que la fin de ce tourisme aérien nous priverait de voir le monde et qu’elle ferait de nous des « losers ». Rien n’est plus faux.
Une vie sans aviation de masse est possible, nécessaire et souhaitable.
Est-ce un scoop ? on peut vivre heureux sans prendre l’avion !
Les plus belles destinations sont celles que l’on parcourt à pied, en vélo, en bus, en train, en voilier. Ce sont les voyages les plus remplis d’amour, d’amitié, d’aventure, d’expérience, de gastronomie, de culture, de découverte, de dépaysement.
Ralentissons.
Prenons-le temps du voyage. Observons les paysages et les visages.
Le tourisme aide les pays pauvres.
Je vous renvoie à cette conférence de Mallence originaire de Sierra Leone :
Visiblement, l’assistance très occidentale, reste sans voix, KO.
L’Afrique n’a pas besoin de notre aide.
Pas plus que les iles paradisiaques pour touristes.
Ils débarquent par milliers des avions après 10 heures de vol chaque fin de semaine, groggys par les attentes, le bruit des réacteurs, entassés comme des sardines,
Ils arrivent des 4 coins de la planète, « il faut bien se reposer du voyage » quel meilleur programme que de se vautrer des heures sur les plages.
Et ils reviennent ravis, bronzés, surtout ravi d’être bronzé…
Histoire de frimer quand on leur dira « oh mais ou étais-tu… ? »
Très important d’avoir apporté ses devises « à ces gens pauvres qui n’ont rien, mais si accueillants »
Bien entendu l’agence de voyage ne leur vend pas la visite des conditions de vie de ces pauvres, qui souvent sont privés d’eau potable 20h sur 24h, et avec juste de quoi se laver pour venir au travail, pas plus que la visite de la déchetterie locale…
Au passage ils auront émis quelques 3 tonnes de GES, par personne qui contribueront au réchauffement climatique, à la montée des océans, … et entraineront dans quelques années des réfugiés climatiques.
La boucle est bouclée.
Mais rappelons-le, ce tourisme Nord-Sud repose sur des inégalités de revenus effroyables, une main d’œuvre sous-payée, presque « domestique ».
Ce tourisme détruit souvent les écosystèmes des pays d’accueil, directement par la surfréquentation des espaces naturels et indirectement par le réchauffement climatique. Le tourisme aérien de masse est-il vraiment un secteur d’avenir pour le Sud ?
Laisse-nous vivre.
Sous en tendu « j’ai bien travaillé, alors je fais ce que je veux…
Je n’ai pas de leçons à recevoir. »
On est beaucoup trop sur terre
Oui on est beaucoup trop sur terre à consommer beaucoup trop.
C’est une nuance importante.
Effectivement les 20% de la population mondiale émet 80% des émissions, tandis que plus de 170 pays se partagent le reste des émissions.
Ce n’est un secret pour personne mais il n’est pas de bon ton de le dire :
Même si les 150 pays les plus pauvres ne polluaient pas du tout, la terre ne se porterait pas si bien.
L’industrie Aérienne crée des emplois.
Depuis trop longtemps, l’emploi, le profit et le pouvoir d’achat semblent valoir plus que la santé et la vie.
Mais ce discours est insensé :
Allons-nous rouvrir les mines de charbon parce que cela « créerait de l’emploi » ?
La destruction peut être créatrice en économie.
Bien sûr, chaque travailleur de l’aérien doit continuer à recevoir un revenu suffisant pour assurer des conditions d’existence dignes et assurer sa reconversion vers un secteur soutenable.
Les entrepreneurs et les entreprises aériennes pourraient être aidés, mais uniquement pour réorienter leur activité vers le transport durable ou une autre activité soutenable, et accepter le « phasing out » de leurs activités insoutenables.
Pourquoi utiliser tout ce talent, toute cette énergie, toute cette technologie, tout cet argent, pour détruire sciemment nos conditions d’existence collectives ?
Pourquoi ne pas plutôt fabriquer des éoliennes, des vélos, des matériaux d’isolation ?
Pourquoi ne pas employer le génie aérien pour régénérer la terre au lieu d’y mettre le feu ?
L’industrie aérienne aujourd’hui, détruit de la valeur, érode le capital sociétal et endette les générations futures.
Sa valeur actuelle nette, « tous frais compris », est fortement négative. L’investissement de l’Etat dans le redécollage de l’aérien de masse, comme tout acte contraire aux intérêts des générations futures, devrait être constitutionnellement interdit.